Après trois jours de rencontres au Rize, centre pour les mémoires, cultures et échanges de Villeurbanne, organisées par le Collectif Pour une Politique de la Relation dont nous faisons partie, nous sommes rentrées à Belley. Nous vous présentons ici nos idées et nos ressentis.
Ce que nous gardons :
– Le plaisir des poétiques de la Relation :
Les réfugiés poétiques portés par deux slameurs feat. Barbara et Georges Brassens.
Les lectures de textes de Leïla Sebbar et de Cécile Oumhani mises en mots et en musique. Envoutant.
La sagesse du « Le papillon et la lumière », de Patrick Chamoiseau, appuyée par des interprétations émouvantes de Souchon à Nirvana.
– Des surprises à n’importe quel âge :
Les lectures de notre monde par les élèves de CM1 et CM2 de l’école de Villeurbanne qui ont participé le vendredi matin à un atelier sur le thème Quel monde désirons-nous donc ? A partir d’une réflexion sur ce que l’on ressent quand on est en colère et ce qui déclenche la colère, les élèves ont créé leur fresque, celle d’un monde juste, et l’ont mise en corps, grâce au théâtre d’improvisation.
– Des mots et des phrases déclics qui animent et grattent collectées tout au long des rencontres et notamment lors des tables rondes sur la diversalité du vendredi après-midi :
L’interculturel ne va pas sans justice sociale. Il ne faut pas dépolitiser la rencontre.
L’envie de décentraliser les regards. Porter un autre regard. Valoriser des narrations sur le pays réel à coté de la narration officielle. Raconter ce qu’on est en nous. Déployer un imaginaire collectif.
L’entraide est la technologie sociale qu’on utilise.
Établir la réciprocité des langues. Traduire et s’organiser. Devenir une voix. Parle ou quelqu’un d’autre va le faire pour toi. Ne pas laisser tomber. Organiser la résistance. Oser !
Nomadisme. Partager les cultures, dessiner des passerelles. Complexité. Hospitalité et rencontre. Écoute. Ensemble. L’imaginaire des paysages intérieurs. Attention aux processus de ségrégation inconscient.
La clef de la résolution de la crise globale, ce sont les gens ordinaires.
Les institutions doivent, en se mettant à l’école, accepter d’accompagner parce qu’ils ne savent plus faire. Peut-on imaginer une institution fondée sur la fragilité, les vulnérabilités, l’espérance ?
Attention on ne sait pas sortir de la guerre.
Je veux remettre en question le métissage malgré toutes les banalités qu’on dit sur le métissage et que j’exècre. Le métissage est meurtrier du moment qu’il y a une situation dominant et dominé. Le métissage lié à l’histoire coloniale est meurtrier. Il y a métissage heureux quand il y a égalité. Je suis un métissage malheureux mais j’ai pu écrire.
Quand on se sent comme un problème, il faut militer pour la reconnaissance de notre dignité.
– L’envie de découvrir ou de redécouvrir des endroits diversels ou des associations :
la famille, la rue et ses fêtes spontanées, la maison des passages, Babelmed, l’olivier des sages et le patio des ainés, le Centre de Mitrovica, les Champs libres à Rennes, Altermondes, le centre de musique traditionnel en Rhône-Alpes, Megafonen, le 104 à Paris, Internet (la communauté la plus peuplée du monde), Radio Pluriel, un centre auto-organisé par des réfugiés kurdes, Passerelles Buissonnières, le Centre interculturel de Lisbonne. Parmi d’autres.
– un super pouvoir à préserver, tiré des panneaux des Rencontres enjouées : rêver
– deux trois statistiques :
L’âge moyen de l’électeur en France est 56 ans.
Selon l’ONU, il suffirait de 30 milliards de dollars par an pour résoudre la pauvreté. En comparaison, l’armement mobilise 1 600 milliards de dollars par an, la publicité 800 milliards et l’argent sale 1000 milliards
Comment 70% des Français, selon les Échos, peuvent être la libéralisation de l’économie dont les services publics ?
– un frisson né d’un grattement de dos délicat par une des deux Voisines qui déambulaient théâtralement le samedi après midi
– des pistes et des défis à mettre en mouvement :
Créer une plateforme permanente d’échanges d’informations au quotidien sur l’action interculturelle et diverselle entre toutes les organisations intéressées.
Découvrir l’histoire politique et sociale de quartiers. Écrire l’histoire de nos quartiers.
Travailler sur l’intraduisible : quand il est difficile de trouver un sens commun, il faut inventer un nouveau langage.
Profiter des énormes opportunités que créent le numérique (radios, télés, presse).
Créer des rencontres.