La vie d’Odette Laguerre

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Marie-Odette Garin de la Morflan naît le 7 novembre 1860 à Constantinople.

Sa mère, Hélène Vaume a grandi en Crète où son père était médecin.

Le père d’Odette, René-Louis-Charles Garin de la Morflan, était secrétaire d’un haut fonctionnaire de l’Empire ottoman, gouverneur de l’île, qu’il suit ensuite à Constantinople. « Joueur invétéré, sa famille l’avait éloigné de France, en lui trouvant un tout petit poste dans la Carrière. » (Souvenirs in extremis de Yvette Raymond). Les Garin de la Morflan sont installés dans le Valromey depuis plusieurs générations.

 

Odette Laguerre « nourrissait un désir ardent qui resta inassouvi jusqu’à sa mort de revoir le Bosphore et Sainte-Sophie ». Elle lisait à sa petite fille les Mille et une nuits (dans souvenirs in extremis de Yvette Raymond).

René-Louis-Charles Garin de la Morflan et Hélène Vaume, ses parents, se marient civilement en 1862 à Paris, deux ans après sa naissance, ce qui montrent un certain libéralisme. Ils tiennent aussi à l’éducation de leur fille. Odette entre dans un cours privé (chez Mademoiselle July : on n’a pas trouvé d’informations). Elle apprend le piano, la peinture et même la sténographie (écriture rapide). Elle a un libre accès à la riche bibliothèque paternelle. Elle poursuit des études littéraires à la Sorbonne. En 1881, Odette Laguerre se présente à la première session du concours de professorat des lettres ouvert aux femmes et obtient son diplôme.

Odette Laguerre fréquente avec ses parents le salon du docteur Emile Laguerre.

Elle y fait deux rencontres importantes :

Madame Raymond, directrice du journal La Mode illustrée (100 000 abonnés). Odette y devient journaliste en 1878.
Henri-Maxime Laguerre, fils de l’hôte. Odette et Henri-Maxime se marient à Artemare civilement le 11 octobre 1884.

ci-dessus :  tombe d’Odette Laguerre à Artemare, portraits de Marguerite Durand et de Nelly Roussel, moulin de Rajan (usine de transformation de la corne), maison de Ceyrvérieu (« le chalet »), photo des ouvrier-es de l’usine de Don.

Elle est chargée d’écrire, pour la Mode illustrée, des conseils pratiques en matière d’hygiène, d’éducation, de soin.

« Laissant de coté le petit journal Jean-Pierre sur lequel je reviendrai, c’est à la Mode illustrée de Madame Emeline Raymond, qui eut son heure de célébrité et connut un grand succès surtout en province et aux colonies, que je fis mes débuts, par des articles destinés surtout à l’Enseignement de la famille, c’est à dire aux mères et aux éducatrices éloignées des grandes villes et des établissements scolaires. Ces articles portaient principalement sur l’éducation ménagère, sur l’enseignement de l’hygiène et aussi sur les premiers soins à donner en cas d’accidents, ainsi que sur la puériculture, ceux-ci à l’intention des jeunes mères ou apprenties infirmières. J’en ai gardé le titre et l’esprit dans les deux volumes que publia la maison Firmin-Didot et qui contenaient un programme complet et détaillé à suivre pour les éducatrices » (journal).

Elle rencontre Marguerite Durand, actrice et journaliste, fondatrice du journal quotidien La Fronde, après un spectacle à Lyon, en 1903.

« Le mouvement le plus moderniste, le plus représentatif de la politique au féminin est incontestablement celui qu’incarnent Marguerite Durand (1864-1936) et son journal La Fronde dont le premier numéro, tiré à 200 000 exemplaires, paraît le 9 décembre 1897 : un quotidien, dirigé, administré, rédigé, composé par des femmes » (l’histoire du féminisme de Michèle Riot-Sarcey).

« Le hasard d’une journée théâtrale organisée par le théâtre français me permit de rencontrer à Lyon Marguerite Durand ». « Je n’avais eu jusqu’alors aucune relation personnelle avec Marguerite Durand, mais j’approuvais ses idées féministes. J’admirais la Fronde et je m’y étais abonnée » (journal).

Elle lui a fait parvenir un mot dans lequel elle se présente : « Madame, s’il vous convenait d’accorder demain quelques minutes d’entretien à une bourgeoise, féministe quoique heureuse en ménage, et socialiste, quoique privilégiée, vous feriez grand honneur et grand plaisir à une lectrice enthousiaste de La Fronde et vous me permettriez peut-être grâce à vos conseils, d’utiliser une très sincère mais très inutile ardeur de propagande qui se consume sur place dans le petit trou d’Artemare » (archives du fonds Marguerite Durand).

« Marguerite Durand me reçut très cordialement. ‘Mme Odette Laguerre ! S’écria-t-elle, mais je vous connais depuis longtemps ! J’ai eu pour mari Georges Laguerre, qui est votre cousin et m’a fait le plus grand éloge de vos dons et de vos talents. Envoyez nous des articles pour la Fronde ».

« Toute émue et rougissante devant cet excès d’amabilité, je promis d’envoyer un article que je composais déjà, dans ma tête, en réponse à Daniel Lesueur (pseudonyme de Jeanne Loiseau, femme de lettres) qui dépréciait le rôle de la raison dans l’essor du progrès humain et ne voyait de grand et de beau dans l’histoire que les faits et les hommes produits par l’enthousiasme et la foi, c’est à dire par le sentiment. Je n’eus pas de peine à réfuter ces sophismes et c’est au nom de Descartes, c’est à dire de la raison pure, que je combattis Daniel Lesueur et n’eus pas de peine à le vaincre… sinon à le convaincre. Au fond, il est certain qu’il faut l’accord de la raison et de l’enthousiasme pour que s’accomplissent les grandes réussites du progrès humain… ».

Odette Laguerre contribua à la Fronde pendant un an et demi, en envoyant un article par semaine puis par mois, quand le journal, à cause de difficultés financières, devient le supplément mensuel d’un nouveau quotidien républicain L’Action.

Elle aura d’autres collaborations, dans des journaux nationaux Pages libres, le Journal des instituteurs, les Annales de la Jeunesse Laïque ou locaux « à des fins de propagande » : le Progrès, le Courrier de l’Ain.

Une partie de ses articles sera ensuite publiée sous forme de brochures ou de livres.

Odette et Henri-Maxime vivent à Paris et passent l’été au Chalet, dans une propriété de la famille d’Odette à Cerveyrieu, où ils s’installent ensuite à l’année. Ils déménagent ensuite à Don.

« Tous deux étaient impécunieux. Peu de temps après son mariage, Odette reçut un formidable héritage d’une cousine Guesdon, sans descendance. Un million de francs or. C’était l’opulence. » (souvenirs de Yvette Raymond).

« Ceci assure l’indépendance du jeune ménage et lui permet de faire édifier à Don, sur un ancien cellier, une simple et grande maison d’où l’on domine la vallée d’Artemare et le décor magnifique des Alpes et du Jura ».

Odette et Henri-Maxime ont trois enfants entre 1889 et 1892 : David-Edouard, Léon-James et Hélène. Ils déménagent ensuite à Don dans un ancien cellier qu’ils ont transformé en maison.

Henri-Maxime lance une ferme expérimentale à Glaron, achetée avec l’héritage de sa femme. Il commence ensuite une carrière politique. Il est notamment élu maire de Vieu en 1900 et député de l’Ain en 1914.

En 1902, Odette est invitée à donner un discours devant 500 personnes à l’école primaire de filles de Belley « à l’invitation d’un sous-préfet aimablement féministe. » Son discours « a été chaleureusement applaudi, ce qui n’est pas une petite victoire dans une ville dont la population est en grande partie restée profondément cléricale et subit en ce moment l’influence d’un évêque très militant ».

« Avec Maxime, devenu maire de Vieu et Mademoiselle Gonguet, directrice de l’école primaire d’Artemare, nous avions organisé de charmants spectacles dans la belle salle des fêtes construite par une jeunesse enthousiaste pour le divertissement et le l’éducation du peuple, à l’endroit le plus fréquenté d’Artemare, en face de la poste et du principal hôtel. Nous avions contribué de nos deniers à l’aménagement de cette salle, qui comportait un véritable petit théâtre avec estrade, rideau, décors, et espace suffisant pour 4 à 500 chaises destinées aux spectateurs ».

Elle y invite (probablement) Nelly Roussel a donné une conférence en 1905.

Elle quitte le Valromey en 1926. Elle y revient ensuite, avec sa fille Hélène, qui achète une maison au Mont, à Belmont (à vérifier).

En avril 1945, Odette Laguerre peut enfin voter (élections municipales).

« Pour Bonne-Maman, qui avait alors quatre-vingt-douze ans, ce fut une consécration. Elle fut accueillie au bureau de vote par les officiels qui lui tendirent le registre vierge, afin qu’elle soit la première à ouvrir la liste. Exprimant son émotion, il lui fut répondu : Madame Laguerre, c’est tout naturel. Il y a plus d’un demi-siècle que vous vous battez pour ce droit. Aujourd’hui, vous devez être à l’honneur. »

En 1952 elle reprend son journal pour raconter sa vie.

Elle meurt à Belmont à 96 ans. Elle est enterrée au cimetière d’Artemare.

« Vers 1900, elle se lança dans l’action pour remédier à la crise agraire qui atteignait le Valromey. Elle ouvrit une petit usine pour fabriquer des peignes de corne. » (souvenirs in extremis).

Elle souhaitait aussi « assurer à mes enfants […] une vie confortable dans le cher pays bugiste où nous avions édifié notre foyer. » (journal d’Odette Laguerre).

« A Don, où il n’existe rien en dehors des produits de la viticulture, de l’élevage et d’une agriculture fort médiocre, la famille Laguerre va tenter l’aventure industrielle en créant de toutes pièces une usine de peignes ». «  Au cours de leurs fréquents déplacements en Haut-Bugey, les époux Laguerre, remarquables observateurs, ont pu constater le véritable boom économique créé autour d’Oyonnax par le développement de l’industrie du peigne en corne et en celluloïd. »  (Le petit train du Valromey).

L’usine de peignes a compté 80 ou 150 ouvrièr-es (différence selon les sources). Elle produit des peignes de coiffure, des épingles et des démêloirs, d’abord en celluloïd puis en corne, incombustible et moins chère. L’usine permet aux ouvrièr-es d’avoir un salaire régulier, de 4 à 5 francs par jour (contre de 1,50 à 2 francs autour de Belley à la même époque dans l’agriculture), et des conditions de travail moins dures que dans les scieries alentours (10 heures de travail contre 12h). Des fours sont ensuite installés au Moulin de Rajan, à Belmont pour travailler la corne et ne plus dépendre des fournisseurs qui la transformaient en plaques.

Une partie de la production est exportée vers l’Europe Centrale et Madagascar.

« Il arrive bon an mal an, vers 1910,une moyenne de 1800 à 200 kilos de matériel par mois en ‘grande vitesse’ (dont les cornes importées d’Argentine et de Madagascar). Les convois descendants, eux, emportent la production à destination de toute la France, de l’Europe centrale et danubienne (en particulier la Roumanie), voire de Madagascar et de la Réunion. » (Le petit train du Valromey). Les pointes des cornes sont revendues à Saint-Claude pour l’industrie de la pipe.

« Le développement de la fabrication, l’organisation de la vente et des expéditions font que Don connaît bientôt un essor extraordinaire ». « Dans le village, tout local disponible est loué, car outre les petits paysans et les journaliers reconvertis à la ville industrielle, des jeunes gens de la région prennent le chemin de l’usine ». « Trois cafés prospèrent à Don » et un dancing ouvre à l’hôtel Charvet. (Louis Raynaud)

Les difficultés financières commencent vers 1911.

« Nos ordres pour l’exportation devinrent considérables mais ne nous rapportèrent pas grand chose par suite des exigences des grandes firmes intermédiaires, véritables trusts qui accaparaient tout le bénéfices et exigeaient des remises multipliées sur le montant de nos factures. » (journal cité par Louis Raynaud)

« Sous l’influence des menaces de guerre qui agitaient l’Europe et de l’esprit d’indépendance qui gagnait les femmes conscientes du rôle qu’elles allaient avoir à remplir en ce XXe siècle à son aurore, leur costume et leur coiffure se simplifiaient, leurs jupes et leurs cheveux se raccourcissaient diminuant l’emploi des peignes et des épingles dont un stock énorme encombrait le marché. Le démêloir restait au contraire uplus utile et plus demandé que jamais, car les cheveux courts s’ébouriffaient facilement au vent du dehors, surtout quand les femmes usaient de la bicyclette qui devenait à la mode et qui avait provoqué de véritables scandales quand on vit les femmes s’en servir avec des jupes fendues sur les côtés. »

Pendant la guerre, « le magasin fut transformé en hôpital, ou plutôt en sanatorium pour les blessés légers ou les les permissionnaires ayant besoin d’un long repos et d’un régime réconfortant. » sous la responsabilité de sa fille Hélène, infirmière. « Les ventes reprirent peu à peu et se faisaient au comptant de sorte que notre caisse n’était jamais vide et a toujours suffi à assurer la paye des ouvriers et l’achat des matières premières. » (journal d’Odette Laguerre)

Odette Laguerre a tenté de maintenir ouverte l’usine. «  Et comment congédier ces ouvriers que nous avons formés et que nous ne pouvions nous décider à laisser au chômage ? C’eut été de notre part un grave désistement, une faillite morale… » (journal).

« Les affaires allaient mal, au lieu de vendre l’usine, vrai tonneau des Danaïdes, Bonne-Maman vendit la ferme de Glaron, et hypothéqua la maison de Don. Grand-père se refusait à intervenir dans la gestion des biens de sa femme. » « Grand-père mourut en 1926, laissant grand-mère seule, couverte de dettes. » (souvenirs in extremis).

En 1926, « il fallut liquider notre entreprise. » « Nous ne fumes jamais déclarés officiellement et légalement en faillite – encore moins en banqueroute et que rien ne ternit notre casier judiciaire demandé vierge. » (journal d’Odette Laguerre). « je suis ruinée !… Je décide de vivre ».

« La maison fut vendue aux enchères. Personne ne vint renchérir et c’est à sa mise à prix qu’elle fut vendue. Cela suffit à peine à rembourser les créanciers. Grand-mère nous rejoignit à Poissy. Le commissaire-priseur lui avait permis d’emporter deux choses de sa propre maison. Elle avait choisi la bibliothèque et son piano. Elle apporta également une grande cage avec ses poules et ses lapins et les légumes de l’hiver. » (souvenirs in extremis)

En 1903 Odette Laguerre fonde à Lyon la Société d’éducation et d’action féministes, qu’elle présente à Marguerite Durand : « ce sera une œuvre d’éducation que nous entreprendrons. Former des consciences, des raisons, des volontés féminines, ce sera notre principal but. Nous y travaillerons par des conférences […] dans lesquelles nous aurons pour évangile le livre du Congrès de 1900 et pour sœur, pour guide quotidien, pour drapeau aussi La Fronde […] Nous pourrions étudier et poursuivre des réformes légales, par exemple la réforme qui mariage qui devrait, ce me semble, être faite en même temps que la réforme du divorce car en élargissant la porte de sortie, il est prudent de rendre la maison plus habitable […] et je crois que dans l’intérêt des ouvrières que nous aurons avec nous, il faudrait faire de notre groupe une société de secours mutuel, une œuvre de solidarité effective […] Ainsi notre société aurait un triple caractère : éducateur, réformateur et solidariste. »

La Société compte 200 membres en octobre 1903.

«  C’est sous son patronage que fut installée au Chalet une colonie de vacances gratuites pour les jeunes ouvrières ».

« C’est aussi notre Société qui érigea dans un local prêté par le maire de Lyon, M. Augagneur, d’un Foyer de la Mère pour toute femme abandonnée et pauvre, désireuse d’élever son enfant ».

La Société propose notamment des consultations juridiques gratuites pour femmes et une « œuvre de la layette » pour faciliter l’accès aux vêtements pour bébés.

La Société publie une série de 25 brochures vendue chacune à vingt centimes. La première de la série est écrite par Odette Laguerre. C’est son « Qu’est ce que le féminisme ? »

« Etant encore au Chalet, j’avais commencé la publication d’une série de brochures consacrées à l’étude de questions diverses à l’ordre du jour, pour lesquelles je trouvai des collaborateurs compétents autant que désintéressés, tels que les frères Margueritte qui traitèrent le sujet brûlant du mariage sous le titre ‘Mariage, Divorce, Union libre’. On discutait alors la loi sur le divorce, vivement combattue par les éléments cléricaux et rétrogrades qui voulaient le mariage indissoluble, ne fût-ce que dans l’intérêt des enfants. Les frères Paul et Victor Margueritte réclamaient au contraire le droit pour les époux désunis de rompre la chaîne conjugale, rien ne pouvant être plus funeste aux enfants que d’assister aux querelles de leurs parents et de subir leurs influences contradictoires. Ce que demandait la brochure, c’était non pas une liberté sans frein de rapports entre les sexes, mais l’union libre consacrée et réglée par la loi et la morale, impliquant l’association des conjoints, leurs devoirs réciproques, et leur rôle d’éducateurs envers les enfants – mais leur laissant la liberté de se séparer par consentement mutuel s’ils estimaient ne plus pouvoir vivre ensemble et la faculté de contracter une autre union. J’ai publié une autre brochure du grand économiste et philosophe : Charles Gide (oncle d’André Gide) sur la Recherche de la Paternité, permettant à la jeune fille séduite et abandonnée d’obtenir l’aide financière de son séducteur pour élever leur enfant, et donnant à celui-ci les mêmes droits civils qu’aux enfants légitimes ».

Enfin la société organise des fêtes populaires et scolaires « j’avais déjà une certaine expérience de ces fêtes populaires que je voulais à la fois artistiques, éducatives et joyeuses, animées d’un souffle jeune et libre ».

Elle en est secrétaire générale et pas présidente « pour conserver à la société un caractère franchement démocratique ».

« Depuis mon retour je suis très absorbée par la ma société féministe de Lyon qui prend un développement considérable et attire à elle tout ce qu’il y a de vivant dans Lyon. Nous avons maintenant un journal socialiste qui publie in-extenso nos comptes-rendus de séances. A la dernière réunion, nous avons protesté contre l’exclusion de l’élément féminin dans la Commission de révision du Code civil et décidé l’envoi d’une pétition à M.Vallé pour réclamer contre cet ostracisme de sexe. N’est ce pas un comble de préférer l’avis d’un Marcel Prévost [écrivain auteur des romans Les Demies-vierges et Les vierges fortes] à celui de femmes ayant étudié, au point de vue juridique, les questions féministes, et beaucoup plus capables que l’auteur des Vierges fortes ou faibles de prendre part à une discussion sur les lois qui nous concernent ?!!!!… » (lettre écrite à Nelly Roussel à Artemare le 8 décembre 1904)

Dès 1880, Odette Laguerre se lance dans « Biographies d’hommes illustres », qu’elle destine aux enfants de 8 à 10 ans.

« C’est à ces hommes de bien que doit aller l’admiration des générations nouvelles, ce sont eux dont l’Histoire doit perpétuer le souvenir et l’exemple en leur élevant des statues ou des temples, en inscrivant leurs noms, en exposant leurs efforts, en honorant leur mémoire, de préférence au récit des batailles don les manuels scolaires sont encore encombrés et aux exploits des conquérants militaires. Le récit des guerres du passé ne peut être effacé de l’Histoire, mais devra servir surtout à en montrer l’horreur, la sauvagerie et l’inutilité ».

Elle écrit aussi avec Madeleine Carlier (est ce qu’il s’agit de l’actrice dont Jean Cocteau a fait le portrait ?) le livre Pour la Paix, qui paraît en 1914.

En 1932, Odette Laguerre devient secrétaire de La ligue des mères et des éducatrices pour la paix. (La Ligue internationale des mères et éducatrices pour la paix est fondée en 1928. Elle a pour but d’interpeller les mères pour éviter la guerre, en leur faisant prendre conscience de l’impact qu’elles ont en tant que premières éducatrices des hommes.)

Elle rédige avec René Cassin (rapporteur du projet de Déclaration universelle des droits de l’homme à l’Assemblée générale de l’ONU en 1948) de la revue Peuples unis (problème sur Internet, je ne trouve qu’une revue qui a été créée en 1958).

En 1934, Odette Laguerre accueille un Allemand de Brême fuyant Hitler chez elle (et chez sa fille). Il devient son secrétaire et habite avec la famille pendant 11 ans.

Odette Laguerre et sa fille Hélène accueillent des réfugiés, Allemands trotskisants, après l’incendie du Reichstag, Autrichiens après l’assassinat de Dollfuss puis après l’Anschluss de 1938, « des Tchèques, surtout des Juifs après Munich, puis seulement des Juifs, après la nuit de cristal en novembre 1938. Les derniers Juifs Allemands font monter le nombre de nos réfugiés fraternels,

pêle-mêle, de toutes les croyances, à plus de trente personnes ».

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