Pourquoi nous n’irons pas à Europe 1 pour parler des dangers du séparatisme?

Coup de fil. Europe 1. « En prévision du discours d’Emmanuel Macron le vendredi 2 octobre, accepteriez vous de participer à un débat sur le séparatisme et l’islamisme radical ? »

Réponse directe : c’est non.

Non parce que le séparatisme n’est pas un sujet pour notre association.

La raison d’être de l’association est de contribuer à créer un monde dans lequel on est tous et toutes accueilli.e.s et bienvenu.e.s.

Nous avons envie d’interroger l’accueil que nous offrons à l’autre, à la personne qui ne fait pas partie de notre cercle familial, amical ou social. Qui prend la liberté de vivre, d’être, de se mouvoir dans l’espace public, de pratiquer ou non une religion1, de fréquenter les personnes avec qui il ou elle est en contact. Parce qu’il s’agit de sa liberté.

Nous avons envie de susciter l’émergence d’espaces de rencontres avec ceux et celles que nous ne regardons pas et que nous ne rencontrons pas. Que cela soit choisi ou subi.

Nous avons envie d’examiner ce que produisent nos institutions politiques et administratives dans le maintien de ces cercles séparés et des inégalités de traitement et de dignité, selon notre genre, notre classe sociale, notre anonymat chromatique ou son contraire, le pays de naissance de nos parents ou de nos grands-parents et son statut historique par rapport à la France. C’est parler de discriminations systémiques.

Le communautarisme n’était pas un sujet pour nous, en tant qu’association. Le séparatisme ne le sera pas plus. Ou alors pas dans sa présentation donnée « le séparatisme, et notamment l’islamisme radical ». Mais dans d’autres séparatismes, comme celui des riches (voir le communiqué de presse d’ATTAC).

Non parce que nous ne pensons pas qu’un débat sur Europe 1 permette d’échanger des idées

L’économie des médias, qui engendre le besoin d’avoir de l’audience, les formats courts, la recherche de la petite phrase largement diffusée ensuite, la recherche de la tension, dans un contexte d’économie de l’attention, ne permet pas d’exposer des idées, de chercher la nuance, d’explorer la complicité.

Nous déplorons la focalisation de l’espace médiatique sur l’Islam. Et l’occultation de la réforme de la sécurité sociale, la réforme des retraites, la réforme du chômage, la réforme de la formation professionnelle, l’extension et la mise en pratique du droit contre les discriminations, l’établissement de récépissé de contrôle d’identité, la politique internationale de la France, la relation entre la France et les départements, régions ou collectivité « d’outre-mer »…

Nous la considérons comme un épouvantail que nous ne souhaitons pas contribuer à agiter.

Des prises de paroles qu’on a envie de diffuser: https://www.franceculture.fr/emissions/linvitee-des-matins/le-separatisme-un-nouvel-universalisme-avec-louis-georges-tin

Le communiqué de presse d’ATTAC : https://france.attac.org/se-mobiliser/justice-fiscale/article/le-separatisme-des-riches-on-en-parle

1L’article 1 de la loi du 9 décembre 1905 est le suivant : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public ».

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