Résistances : entrez dans la danse !
Plus de 20 danseu.r.se.s de toujours ou d’un soir se sont retrouvées à la Salle des Fêtes de Belley pour découvrir l’histoire des danses et créer la chorégraphie de nos colères.
L’association entre-autres a ainsi réuni des danseurs de hip-hop, de claquettes et de capoeira, trois danses, nées en résistance à des oppressions.
Grâce à Mylhène, professeur de claquettes, nous avons découvert que cette danse est née du métissage entre deux héritages. Les claquettes étaient un moyen pour les esclaves, amenés de force en Amérique d’Afrique, et à qui les esclavagistes avaient pris les tambours, de continuer à communiquer entre eux. En Irlande, les paysans, chaussés de gros sabots, parlaient d’une vallée à une autre en frappant avec leurs chaussures sur des troncs de bois vide. La rencontre entre les deux moyens de communication a eu lieu avec l’exode des Irlandais aux États-Unis et les claquettes sont devenues une danse. D’ailleurs les métissages ont continué. Les claquettes et le hip-hop ont des mouvements en commun.
Autre danse qui tire son héritage de la lutte des esclaves pour leur liberté : la capoeira, mélange de danse et de combat afro-brésilien. Les premiers capoeiristes, esclaves au Brésil, s’entraînaient à la lutte en la déguisant en une danse, un jeu avec de la musique et des chants, pour ne pas alerter les esclavagistes. La capoeira a été pratiquée dans les « quilombos », refuges secrets d’esclaves en fuite pour échapper et résister à leurs tortionnaires. Emmanuel nous montre le pas de base, la ginga, puis quelques coups de pieds de la capoeira : armada, queixada et meia lua de compasso.
Enfin, le hip-hop : dernière création artistique du XXe siècle, culture urbaine qui comprend la musique, la danse et les graffitis. La culture hip-hop s’est formée pendant les années 1970 lorsque les « block parties », fêtes de quartiers, se popularisent à New York, en particulier parmi les jeunes Afro-Américains. Le Hip-Hop devient un moyen pour eux d’exprimer leurs colères mais aussi une opportunité de faire la fête. Parmi les danses hip-hop, on retrouve le break danse, le popping, le locking.
Avec Abdou et Jason, en résidence à Belley cette année grâce à un partenariat entre la Maison de la danse de Lyon et Bugey-Sud, nous expérimentons plusieurs mouvements : la vague, et comme Mickael Jackson, qui a contribué à populariser le hip-hop, on se laisse aller au moonwalk (marche lunaire).
Après s’être essayé aux pas de ces trois danses, c’est le moment d’imaginer nos propres chorégraphies. En partant d’une colère, nous mettons en mouvement notre sentiment d’injustice et imaginons sa possible solution. L’indifférence, la solitude, l’impuissance sont mis en scène. Quand les migrants sont traités de façon indigne ou quand l’administration nous enlève notre dignité, nous répondons par la solidarité :
Un grand merci à Mylène et ses partenaires d’Acadanse, à Abdou et Jason de la Compagnie Stylistik et à Emmanuel, capoeiriste. Merci aussi à Joanna et Estelle de Bugey Sud d’avoir rendu possible cette indaba spéciale.